On ne sait jamais réellement où les vents du hasard nous mènent. Il est vain de tenter de prévoir l'avenir en organisant un quelconque planning.
J'ai eu l'occasion, à ma grande surprise, de pouvoir embarquer une journée pour une croisière dans le Sud Caraibes de la Martinique.
Alors déjà, plaçons le contexte : on peut dire globalement que la Martinique est divisée en 5 parties : Le Nord Atlantique et le Nord Caraïbe, séparé par la Montagne Pelée et les Pitons, le Centre, le Sud Caraïbe le Sud (genre le"Vrai Sud"). Alors vous me direz, c'est un territoire trop petit pour faire ce genre de distinction, mais je crois que dans la culture locale, même si on y prête pas attention au quotidien, cela crée des différences.
Prenons mon cas - et oui c'est le seul qu'on puisse choisir pour le coup - je suis foyalaise (nom des habitants de Fort-de-France, vous l'aurez compris), ma mère est foyalaise et sa mère l'était avant elle. De ce fait et n'ayant pas de famille réellement dans le reste de la Martinique, j'ai toujours vécu connu Fort-de-France (zone Centre) comme ma ville natale et comme mon environnement direct.
Je veux en venir au fait que depuis le début de ce carnet de voyage, j'ai proposé beaucoup de photos de la partie Nord et Sud Caraïbe, et ce parce que je suis foyalaise (Fort-de-France se situant au centre coté Caraïbe), et que les lieux qui me sont chers, que j'ai beaucoup fréquenté dans mon enfance et dans mon adolescence sont principalements de ce côté de la Martinique.
Je tiens à vous rassurer : je connais toute l'île (pas difficile hein en 17 ans de tout voir) et je l'aime dans son entièreté (belgicisme, hein Noré ;) ), mais bien sûr comme tout un chacun j'ai mes préférences. Cependant pas d'inquiétudes, je prépare un grand dossier sur la Martinique de la côte Atlantique.
Alors maintenant que j'ai éclairci de point - ca me tenait à coeur - partons ensemble en croisière. Une croisière qui part de la Marina de la Pointe du Bout aux Trois îlets.
Et donc vers 9h, le bateau mets les voiles pour voguer vers le Sud. On part à la découverte d'un des sites les plus emblématiques de la Martinique. Pendant une heure, le catamaran navigue vers le Sud, à contre courant, un vrai manège à sensations fortes ! Nous avons été trempés de la tête aux pieds. Et enfin, le voici de près... LE Rocher du Diamant.
Il n'y a pas un enfant qui n'ai pas été ou que ne soit pas fasciné par le Rocher du Diamant. On se demande ce qu'il y a dessus, on rêve d'y accéder (encore aujourd'hui), on imagine qu'il y a des diamants par milliers ou un trésor caché, on imagine qu'il y a des fantômes, des vampires, des animaux effrayants qui y vivent... C'est un lieu plein de mystères...
Qu'en est-il réellement ? Alors géographiquement, c'est un petit bout de terre de 1km de circonférence mais d'un peu plus de 175 m de haut. C'est un site qui a été le théâtre des conflits armés entre la flotte Française et la flotte anglaise au début du XIXe siècle. A l'époque, et comme bien souvent depuis la colonisation des Caraïbes, les grandes puissances européennes de l'époque (la France, l'Angleterre mais aussi la Hollande) se font la guerre dans la mer des Caraïbes. Au XIXe siècle, la Martinique a connu une occupation anglaise pendant plus d'une décennie, jusqu'en 1802. Le Rocher fut occupé par les Anglais de Janvier 1804 à Juin 1805, alors que ceux ci tentait de reconquérir la Martinique qu'ils avaient perdue.
Aujourd'hui, le site est une réserve naturelle et seuls quelques poignées de scientifiques sont autorisés à y accéder. On y trouve des espèces d'oiseaux rares et des plantes endémiques. La plongée est le moyen de le plus efficace pour s'y approcher de près : il est en effet possible de faire de la plongée au pied du Rocher, où il existe de nombreuses cavités sous-marines et où vivent de multiples espèces de poissons. Une fois les émotions - entre mal de mer pour les uns, excitation suprême pour moi - passées, notre capitaine Damien ci-dessous, navigue vers le Nord en direction des Anses d'Arlet.
Les Anses d'Arlet, c'est un peu le petit village de pêcheurs calme loin du bruit de la grande agglomération. C'est une commune que j'adore. Pour ceux qui se demanderait son nom vient d'un chef amérindien qu'on appelait Arlet et le nom de la commune fait référence aux nombreuses criques et anses qui s'égrennent sur le littoral.
On y retrouve une des plus belles églises de l'île et le ponton du bourg est placé exactement dans le prolongement de l'église.
Un tel paysage ne peut être qu'un repos pour l'esprit, un vrai moment de sérénité. Bien sûr, on n'oublie pas de prendre un petit planteur pour la route. Fais avec amour par Georges, membre d'équipage.
Après avoir fait un peu de plongée devant le bourg, où il y a de merveilleux poissons de toutes les couleurs à observer, on se déplace un peu plus loin, dans un coin merveilleux, très peu fréquenté pour déjeuner. Le paradis ! Vous me connaissez moi et mes roches et donc je ne vous cache pas que j'étais fascinée et enchantée. Je me suis pas permise de prendre en photo le déjeuner mais pour donner un ordre d'idée on parle plutôt de festin que de déjeuner.
Et c'est avec un ventre bien rempli que nous avons plongé dans ce petit coin où les poissons se cachent entre les rochers...
La suite du voyage nous amène à l'Anse Noire, que vous avez déjà aperçu dans les précédentes pages du carnet. Un endroit fabuleux que j'adore. Et j'ai encore découvert cet endroit puisque - je ne le savais pas mais - l'anse abrite des tortues vertes, qui ont depuis une ou deux décennies repeuplé les Anses Noire et Dufour (2e photo) - les Anses jumelles.
Et donc, pour encore rajouter au bonheur de cette aventure, nous avons nagé avec les tortues, ainsi que les milliers (si si !) de poissons qui trainent dans le coin. Des bancs de poissons argentés qui scintillen, comme on en voit dans les films. Et les tortues qui se déplacent à travers... Magique !La tortue verte est une espèce protégée et fragile. Elle a longtemps été chassée (et doit l'être encore dans certains endroits du monde) pour sa chair mais aussi pour ses magnifiques écailles marron presque orange.
A l'Anse Noire, beaucoup d'oiseaux - pélicans, frégates... y'en a dont j'oublie le nom - aussi font leur pêche. Assez difficile à prendre en photo, bien évidemment.
Dernière étape du voyage : la grotte aux chauves souris. On y accède par petits groupes sur un petit bateau à moteur. Alors je vous mets que la photo de l'entrée de la grotte, dans les cavités il y a des centaines de chauves souris accrochées au plafond qui piaillent car "y'a trop de lumière" (si, je parle le chauve-sourisien). Et chose marquantes : l'odeur est absolument abominable à l'intérieur, semblerait-il les relents maléfiques de leur excréments... Je n'en sais pas plus. En tout cas, absolument fascinant tellement c'est dégueux.
Le dernier point, nous approchons près de l'îlet à Ramiers. Comme le Rocher du Diamant, le site a été le centre des actions de guerre entre Français et Anglais. Au XIXe, on y aménage une batterie de défense renforcée au fil des décennies. Elle a pour but de shooter les bateaux qui arrivent en baie de Fort-de-France. C'est un point stratégique dans la défense de Fort Royal.
Aujourd'hui, le site appartient encore à l'armée. On y a implanté des iguanes délicats, une espèce endémique à la Caraïbe, dont les derniers survivants n'existent qu'en Martinique. L'accès y est plus ouvert que le Rocher du Diamant, mais sur réservation uniquement.
Le soleil décline déjà lentement sur la mer des Caraïbes alors que le voyage touche à sa fin... De retour à Fort-de-France, il est l'heure de rentrer chez soi, l'esprit encore bercé par les vagues.
Photos bonus : des photos de moi pour votre plus grand plaisir.
Et oui toujours en train de rire celle là !
Je vous dis à bientôt pour d'autres aventures. Bisous les loulous.